Bulletin du Hot Club de France février 2006 « the best of a jazz pianist »
Ce disque regroupe les compositions du pianiste parues dans divers Cd au cours des années 90. C'est du beau piano, pas toujours swinguant si l'on attend un tempo immuable dans chaque interprétation, où dont le swing n'est pas affirmé en premier, mais un piano vif, chantant, aux harmonies fraîches et attirantes. Et c'est un trio où la contrebassiste Patricia Lebeugle, colle parfaitement au discours musical, sans surcharger sa partie, sans se perdre dans des solos compliqués, mais avec souplesse et pertinence. Le batteur est Jean-Pierre Souchu (Jean-Pierre Derouard sur les titres 2 et 10). Les mélodies de Duchemin portent bien leur appellation, notamment les deux premiers morceaux. Mister Shuffle est bien swingué, beau travail de Patricia Lebeugle. Fumet a un ... de Satie et de Strayhorn dans une très agréable atmosphère. La pulsation de Blitz serait tout autre sans la sonorité et le « nerf » des cordes de la bassiste. Et en écoutant Take Bach , vous penserez que c'est autrement vivant que le « Play Bach » de qui vous savez et bien plus jazz en tout cas. Sur un grand envol de cymbales, la contrebasse puis le piano introduisent joliment le thème mélodieux de Fond Brun . Vipo , capté en public, est solidement swingué sur le « shuffle » de la batterie.
Les phrases aux lignes claires, fantasques, riches en couleurs, me font dire que Philippe Duchemin est plutôt un styliste qu'un puissant swingman (mais notez sa « patte » dans les titres 3 et 5 par exemple !). La versatilité de son jeu, sa capacité à créer une atmosphère, les arrangements subtils, le place bien au-dessus de ces trios de pseudos jazz moderne qui ne savent que décortiquer et pulvériser la moindre mélodie sans un atome de swing. Il est l'exemple d'un style de jazz contemporain où l'on peut retrouver l'influence d'un Monty Alexander ou d'un Ahmad Jamal de la meilleure période. De plus sa maîtrise du clavier, son beau toucher, à la fois délicat et incisif, ajoutent au confort et au plaisir de l'audition, d'autant que l'enregistrement est véridique. Si vous aimez non seulement le jazz -cela va sans dire- mais le piano pour lui-même, voilà un disque à écouter et réécouter, car il peut ne pas accrocher à la première audition distraite, ensuite vous le dégusterez ! Bon livret rédigé par Dominique Burucoa. ( D.J. )